NOYAL, ENTRE NATURE & HISTOIRE

Dimanche 6

19 Charrois ont suivi la balade « entre nature et histoire » à Noyal d’environ 11 km, sous une météo maussade et parfois bruineuse. Partant de Huchevent, le sentier se dirige vers le Val Aubin, surplombant la superbe vallée du Gast (cours d’eau qui rejoint le Gouessant à Noyal) sur plusieurs centaines de mètres avant de longer la voie ferrée.
Les champs environnants sont bordés des nombreuses haies qui virent le jour lors d'un programme de replantation lancé en 1997. La commune de Noyal tenait ainsi à reconstituer une partie de son bocage, indispensable à l'équilibre des espaces ruraux. Amoureux de la nature, promeneurs, chasseurs ou agriculteurs, tous trouvent un intérêt dans ces clôtures végétales, uniquement composées d'essences locales.
Le circuit passe devant les magnifiques écuries des Routus, construites au 19e siècle. Leur architecture, faites de colombages en bois rouge et d'encoignures de brique, dénote dans la campagne lamballaise. Bien que rappelant davantage la Normandie, ces longères furent le siège du très réputé haras de Fercoq, dont les chevaux de courses figuraient régulièrement au catalogue des ventes de Deauville.
Plus loin, nous suivons un long chemin creux qui servit autrefois de refuge aux Chouans, ils le couvraient d'un toit de genêts. Ce stratagème leur permettait d'échapper aux Républicains qui n'avaient de cesse de les traquer. Ce repaire dut pourtant être abandonné après qu'un imprudent, pourtant ancien royaliste lui aussi, n'ait évoqué publiquement la prétendue cachette lors d'une discussion de comptoir, peut-être trop arrosée, à l'auberge de la Poterie: "Eh! bin si v'eï t'choque chôse dans l'vente, alleï don' demain à matin du côté s'Sainte-Belienne en haout du clous, dans l'vieüx ch'min d'la Piéerre; ée là qu'i sont baeûgés, bin à l'abri !". Cette révélation ne plut guère aux trois Chouans qui étaient dans l'auberge et le malheureux bavard fut tué la nuit suivante. Sa dépouille fut "promenée", pour exemple, sur les routes de Noyal et de la Poterie.
De loin, nous voyons le château des Portes ; classé monument historique, c’est une construction des années 1840. De style Néoclassique, il présente une volumétrie cubique dominée par une toiture à quatre versants.

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Les élévations principales sont dotées d'avant-corps ainsi que de baies droites ou en plein cintre. A l'intérieur, les pièces sont aménagées de part et d'autre d'un couloir transversal et chaque étage se voit attribuer un usage déterminé. L'ensemble de l'édifice offre un aspect homogène et bien préservé. La demeure est entourée d'un parc assez simple qui a conservé ses dispositions d'origine avec une longue avenue et son petit saut-de-loup bornant une cour d'arrivée en demi-cercle.

Pour finir, après quels chemins de campagne, nous traversons l'étonnant domaine de la Roche-Goyon. Construite en 1728, cette magnifique demeure fut très longtemps occupée par la famille Goyon, avant d'être vendue à des Versaillais. Le site rappelle le manoir, tel qu'on pouvait le trouver autrefois. Vous pourrez observer, outre la maison d'habitation, un des deux derniers colombier du canton, d'anciennes étables, une chapelle perchée sur son tertre, et, de l'autre côté de la route, un petit étang qui servait de vivier. Les occupants du domaine pouvaient ainsi subvenir à la quasi-totalité de leurs besoins quotidiens. Dans les années 1880, les élevages de la châtelaine de Goyon étaient réputés (élevages très divers, canards, truie et race bovine froment du Léon, aujourd'hui disparue). La façade est en partie recouverte de plaques de concours...

Noyal, terre de résistants

Eté 1944, alors que les allemands sont empêtrés sur le front du débarquement, le maquis s'organise sur Noyal et la Poterie. Maxime Lelévrier, cultivateur à Noyal et l'Abbé Rault, recteur de la Poterie, dirigent un groupuscule composé d'une trentaine d'hommes, encore adolescents pour la plupart.
Cette petite unité de maquisards attaquait régulièrement des convois allemands, comme ce fut le cas au château des Portes, ou orchestrait des pillages aux écuries des Routus, lieu de stockage pour les forces d'outre-Rhin. Mais la jeune troupe était sous-équipée, et Louis Baudet se souvient "qu'il fallait parfois plus de vingt tombereaux pour vider le dépôt".
Les tombereaux étaient des charettes possédant des montants opaques, ce qui avait pour avantage d'en cacher le contenu, en cas de rencontres fortuites... Les jeunes résistants frôlèrent ainsi la mort à plusieurs reprises, avant de poursuivre leur lutte en se fondant dans le célèbre bataillon "Corsaire".
(Sources : site de Noyal et fiche balade "entre nature & histoire")

CIRCUIT DES HÔPITAUX À ERQUY

Dimanche 20


Bourrasques et pluie étaient annoncés. Heureusement, il n'en fut rien. Les 14 randonneurs de ce dimanche ont ainsi pu apprécier ce circuit depuis l'îlot St Michel jusqu'au barrage de Montafilan et le retour par le hameau des Hôpitaux.
En chemin, c'est d'abord une large vue sur les dunes bâties par le vent et la flèche dunaire, taillée en pointe par la mer et l'Islet, petit cours d'eau qui serpente jusqu'à Montafilan. 
Le pont du marais et la passerelle de la côtière sont des vestiges de l'ancienne voir ferrée du "petit train des Côtes du Nord". En service de 1922 à 1949, il a été remplacé par les transports routiers. Plus loin, le manoir des Cognets (lieu planté de cognassiers), sur la commune de Plurien est une jolie bâtisse du 16e siècle .
Nous arrivons au moulin de Montafilan qui  a conservé sa retenue d'eau. Celle-ci permettait au meunier de régler la vitesse des meules en réglant l'ouverture de l'écluse et ainsi "d'apporter de l'eau à son moulin ".
Sur la seconde partie de notre boucle, ce sont des vestiges d'un passé pas si lointain : un lavoir, un abreuvoir.
Au village des Hôpitaux, qui doit son nom à l'ordre militaire des hospitaliers de St Jean de Jerusalem, fondé au 12e siècle pour protéger et soigner les pèlerins se rendant ou revenant de Palestine, nous apprécions les belles bâtisses de grès rose avant de redescendre vers l'ilot St Michel.
(Texte : Jean-François, organisateur de la rando)

Un peu d'histoire

Les moines de l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois possédaient des biens appelés "granges cisterciennes" ; en ces lieux vivaient des lépreux soignés par les moines hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (soldats atteints de la lèpre en revenant de Terre-Sainte). Faute de place au cimetière des lépreux, il est probable que certains furent jetés dans une fosse commune en bord de mer. On dit que leurs âmes "erraient", d'où le nom de "fosse des errants", converti en "Fosse-Eyrand".

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Cette histoire a laissé des traces dans la toponymie du village des Hôpitaux et de la Moinerie : la Corderie (léproserie, 18e siècle), la Chapelle (lieu de culte, 12e), le Saint-Sépucre (maladrerie, 12e). Le village des Hôpitaux regroupe d'anciennes maisons de pêcheurs côtiers et de Terre-Neuvas, de carriers et de petits cultivateurs. Il comporte le hameau du Hamet. Les surnoms de certains de ces pêcheurs Terre-Neuvas sont encore dans les mémoires : le père "Caiette", capitaine Terre-Neuvas et Cap-Hornier, avec sa casquette confectionnée avec de la toile à voile, mais encore "Tam" et "Carotte". L'habitat des Hôpitaux est remarquable : maisons souvent à étages, plus cossues qu'à Tu Es Roc, construites en grès avec gerbières, pierres de pignons, assemblées en linteaux superposés. Le toit de certaines maisons était encore couvert de chaume d'oyat (appellation locale : les "rosés"), dans la 1ère moitié du 20e siècle. 

(Source : patrimoine.region-bretagne.fr)